Gombessa ou Cœlacanthe
Alors qu’on ne le croyait exister qu’à l’état de fossile, ce poisson vivant fut découvert en 1938.
La mer est le biome terrestre qui rassemble le plus grand nombre d’espèces à l’apparence primitive. Mais, l’espèce qui peut le plus s’enorgueillir du titre de fossile vivant est sans aucun doute le cœlacanthe.
Incapable de donner un nom à cet énorme poisson qu’il avait pêché dans l’océan indien un jour de décembre 1938, Hendrick Goosen confia l’étrange créature à Courtenay Latimer, conservatrice du muséum de la région.
Ce poisson, d’un mètre cinquante de long, pesant 60 kilos, avec de grosses écailles et une forte mâchoire munie de dents, était un cœlacanthe, espèce que l’on croyait depuis longtemps disparue.
Courtenay fit part de cette découverte à un ichtyologiste qui ne connaissait le cœlacanthe, apparu sur terre il y a environ 350 millions d’années, qu’à l’état de fossile.
Le scientifique constata que le spécimen pêché différait très peu de l’animal fossile. En hommage à la conservatrice qui avait su l’identifier, on lui donna le nom moderne de Latimeria chalumnae.
L.B. Smith baptisa Latimeria chalumnae la première espèce moderne connue de cœlacanthe. Le nom du genre Latimeria est dérivé du nom de Marjorie Courtney-Latimer, conservatrice du East London Museum, qui fut la première à reconnaître l'importance de ce poisson. Le nom d'espèce chalumnae vient quant à lui de la rivière Chalumna, à l'embouchure de laquelle fut capturé le premier spécimen.
Aussi appelé : cœlacanthe (prononcé sé-la-can-te)
Le nom cœlacanthe est dérivé d'un mot grec qui signifie «épine dorsale creuse.» Les cartilages dorsaux du cœlacanthe, appelés notocordes, sont creux et remplis de liquide.
Si la découverte de ce fossile vivant mit en émoi la communauté scientifique, elle n’impressionna guère les habitants des îles Comores. Ils étaient habitués à le pêcher depuis longtemps et à le consommer. Ils l’avaient baptisé Gombessa. La peau écailleuse de l’animal leur servait même de papier de verre.
Depuis 1952, on a capturé près de 200 spécimens. Mais malgré la protection dont il fait l’objet, sa pêche intensive le mène à l’extinction.
En 1998, une nouvelle espèce a été découverte, Latimeria menadoensis. Espérons qu’avec moins de publicité, il s’en sortira mieux.
Le cœlacanthe fait partie des poissons osseux. La caractéristique première des poissons osseux est que leur squelette interne est fait d’os. La majorité des poissons actuels appartient à ce groupe. Les nageoires des poissons à nageoires charnues ne sont soutenues que par un seul os situé à la base. Le cœlacanthe actuel mesure 1,50 m de long en moyenne. Il partage des caractéristiques avec ses ancêtres qui vivaient il y a 350 millions d’années :
- des lobes charnus supportent certaines de ses nageoires.
- des écailles émaillées protègent son corps.
- le bout de sa queue possède une frange très particulière d’où le nom de nageoire en pompon donné à l’animal.
Ainsi, sa vessie natatoire, sorte de gros poumon, qui fut à l’origine un organe respiratoire, ne joue plus aucun rôle dans la respiration. En fait, les caractéristiques anatomiques du cœlacanthe en font un poisson différent des autres :
- ses nageoires paires, pectorales et pelviennes sont musculeuses et armées d’un squelette. Il les utilise en alternance à droite et à gauche.
- il possède un poumon à droite ; à gauche, il a dégénéré. Celui de droite est devenu un organe infiltré de graisse, allégeant ses déplacements à la manière d’une vessie natatoire. Ce poumon rappelle que les premiers poissons osseux avaient à la fois des branchies et des poumons.
- sa taille peut atteindre 1,60 m de long pour un poids de 45 à 65 kilos.
Le cœlacanthe nage entre 100 et 400 mètres de profondeur dans les eaux côtières près de l’Archipel des Comores, dans l’Océan indien.
Il se réfugie souvent dans les grottes sous-marines, il est donc difficile de les apercevoir. On l'a d'ailleurs longtemps cru disparu. On en recense moins de 200 spécimens, tous dans l’Océan indien.
C’est un poisson qui chasse plutôt à l’affût et se précipite sur toutes les proies qui passent à sa portée. Son régime est carnivore et il se nourrit notamment de poissons.
On sait peu de choses sur ses habitudes car quand un cœlacanthe est capturé, il survit très peu de temps.
Classe : OstéichthyensOrdre : Sarcoptérygiens
Sous-Ordre : Crossoptérygiens
Famille : Cœlacanthidae
Espèce : Latimeria chalumnae
Habitat : La plupart des spécimens ont été capturés dans le Nord du canal du Mozambique entre Madagascar et la côte africaine.
Un fossile de cœlacanthe d’eau douce, vieux d’environ 70 millions d’années, a été découvert dans le sud de la France, à Cruzy, dans l’Hérault. L’os d’une dizaine de centimètres a été identifié par l’équipe du paléontologue suisse Lionel Calvin comme étant une mâchoire de cœlacanthe.
Les fossiles les plus récents datent de 80 millions d’années. Le fossile retrouvé en France serait donc le plus jeune connu à ce jour. La région où il a été découvert appartenait à l’époque du Crétacé supérieur à une très grande île située dans la mer Téthys. Selon Cavin, ce spécimen appartiendrait à une lignée de cœlacanthes d’eau douce des continents du sud.
Jusqu'à la découverte de la population indonésienne, tous les cœlacanthes, à l'exception de trois, avaient été pêchés dans l'archipel des Comores. On présume que les autres, y compris celui qui a été trouvé en 1938, se sont éloignés du groupe et qu'ils ont été emportés vers le sud par les puissants courants au large du Mozambique.